Via Francigena

Partir seule sur la Via Francigena à 72 ans, pourquoi pas?

Allons droit au but : Je m’appelle Suzanne, j’ai 72 ans, j’habite à Montréal, j’ai un mari et huit petits-enfants et, depuis 2008, je marche sur les chemins d’Espagne, de la France et maintenant de l’Italie. J’avoue que, la première fois, je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais, mais l’idée me trottait dans la tête depuis plusieurs années et il était temps d’agir! Enfin j’avais le temps, la seule chose qui me manquait avant. C’est vrai que se décider et partir la première fois, ça prend une bonne dose de courage, mais comme l’appétit, le plaisir vient en marchant!

Pourquoi partir seule (ou non) à 60 ans? Trois bonnes raisons

D’abord parce que la vie est courte! Sérieusement, il y a des raisons qui m’ont poussée à partir cette première fois vers Compostelle, il y a maintenant 12 ans. C’était une époque de ma vie où j’avais envie de brasser la cage comme on dit par chez nous, de faire quelque chose pour moi. J’avais travaillé toute ma vie, élevé une famille et je savais qu’une autre époque de ma vie allait commencer. Comme mère de famille j’avais toujours pensé aux enfants; leur besoins, leur avenir, leur vie quoi. Maintenant c’était à mon tour. Eh oui, ce n’est pas juste à 20 ans qu’on doit penser à notre avenir. Aussi, nous avons tous des situations particulières qui nous incitent à résister ce qui peu déranger notre quotidien, ce qui semble compliqué, ce qui va bousculer notre vie bien rangée. Sachez qu’il y a de nombreux marcheurs de plus de 70 ans, souvent solo comme moi, autant des femmes que des hommes et chacun le fait à son rythme et pour ses propres raisons. J’ai rencontré d’innombrables personnes de mon âge, toutes aussi incroyablement intéressantes les unes que les autres. Vous vous ferez quelques bons amis, je vous le promets.

Finalement, voyager seul peu être une nécessité! Mon conjoint ne peut voyager de cette manière : les longues journées de marche, les dortoirs, les journées improvisées selon la météo, la recherche d’endroit où poser la tête pour la nuit … ce n’est pas pour lui! Bien sûr, un pèlerinage ce n’est pas pour tout le monde, mais si le cœur vous en dit, même un petit peu, allez-y, car un jour il sera trop tard et qui parmi nous a envie de vivre un tel regret? Partir pour une semaine ou un mois, c’est un choix individuel que vous partiez seul ou non! Toutes les raisons sont bonnes …

Ostello accueillant
Est-ce que c’est difficile physiquement? Suis-je capable?

Je dirais que oui, il faut être en assez bonne forme physique, mais ce n’est pas nécessaire d’être athlète! Chez moi je marche en ville, je fais un peu de sport, je ne vais pas au gym, je ne me prépare pas sérieusement avant le départ, c’est donc vraiment à la portée de tous. Naturellement, il y a des journées plus difficiles que d’autres, mais ce sont souvent les journées le plus satisfaisantes et en y allant à notre propre rythme on finit tôt ou tard par arriver au but! Certains vont marcher 15km par jour, d’autres 35 km, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de poursuivre son chemin … d’où l’intérêt de partir seul des fois.

La langue, ça c’est un peu plus compliqué, mais on arrive toujours à se faire comprendre. Aujourd’hui, avec les applications sur nos téléphones cellulaires, la traduction est tellement plus facile. Parlant des «apps», vous y trouverez tellement d’information qu’il n’y a pas de danger de se perdre ou de manquer quoi que ce soit. Votre trajet quotidien est tracé, les suggestions où dormir s’y trouvent et même les endroits où remplir votre gourde sont indiqués. Franchement, contrairement à il y a 10 ans, il n’y a aucune raison d’hésiter pour ce qui est des difficultés techniques. Ceci dit, parfois on peut se trouver seule sur les chemins en France et en Italie, il faut donc se préparer mentalement pour cette éventualité, car cela arrivera probablement. Parfois ça fait même du bien!

N’oubliez pas que vous n’êtes pas si loin de chez vous et que vous avez probablement une carte de crédit dans votre poche… alors il est où le problème?

Mon Via Francigena

En 2021, j’ai décidé de me diriger vers l’Italie cette fois. J’avoue que j’étais un peu mal à l’aise car je n’étais jamais allée en Italie, je ne parle pas l’Italien, on m’avait bien avertie qu’il y avait beaucoup moins de marcheurs et d’infrastructures pour pèlerins (contrairement à l’Espagne) et qu’il fallait réserver son lit d’avance et ce en italien!!! … aye, j’ai hésité avant de me lancer. C’était bien différent de mes voyages précédents! Mais l’expérience me disait que j’allais rencontrer des gens, j’allais me débrouiller avec la langue et j’allais faire mon possible pour me rendre à Rome!

Une belle rencontre
L’arrivée à Aosta et le grand départ

Après une visite de cette jolie ville entourée de montagnes, j’ai pris mon courage dans mes deux mains et je suis partie, seule. Le premier soir (Chatillon) je suis arrivée dans une piazza sans savoir où j’allais dormir. Premier hasard (et cela est fréquent!) : un homme, que j’avais croisé durant la journée, me dit qu’il avait une chambre à l’Hôtel Dufour, alors je l’ai suivi. J’ai eu, moi aussi, une chambre pour 25 euros (prix pèlerin) et, en plus, j’avais un copain pour le souper! Le lendemain nous nous sommes croisé en chemin et mon nouvel ami, Giancarlo, a offert de m’aider à faire mes prochaines réservations, en Italien bien sûr, à Verrès, Pont-Saint-Martin et Ivrea. Jour deux et déjà un autre hasard, quelle chance! Tous les marcheurs vous parleront de ces rencontres fortuites qui sont au cœur de chaque aventure de marche. Nous sommes devenus des chums de marche et nous avons marché ensemble presque tous les jours jusqu’a Rome! Le hasard fait bien les choses, n’est-ce pas?

Champs de riz
Le Piedmont, la Lombardi, la Toscane, Lazio

Du riz en Italie? Comme Québécoise, je n’avais jamais appris ça … j’aurais peut-être dû le savoir, vous allez dire, car le risotto est bien populaire chez nous. J’ai marché plusieurs jours à travers les champs de riz, région plate avec peu d’ombre, mais idéale à l’introspection … un peu comme la Meseta en Espagne. J’ai vu plusieurs usines et manufactures d’après-guerre désaffectées en Lombardi, la modernité ayant amené la production plus près des grandes villes aujourd’hui. Nous étions souvent juste tous les deux, excepté pour quelques belles rencontres avec, entre autres, Mark, Alison, Nadia et Lara. Vraiment pas grand monde sur ce chemin. Les plaines, les montagnes, les villes de Pavia, Lucca, Siena, San Gimignano, Radicofani (la montée la plus difficile du voyage!), quel merveilleux pays.  En Toscane, trois amis de Giancarlo nous ont rejoints pour les deux dernières semaines. Très agréable. Je ne suis donc pas arrivée sur la place Saint-Pierre seule mais avec mes quatre nouveaux amis! Je crois bien que je repartirai sous peu pour la Via Francigena du Sud, de Rome à Santa Maria di Leuca parce que … la vie est courte! Bon Voyage!

Suzanne Perron
Suzanne Perron
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